Diana Margarita Silva ou la détermination à réussir

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Pour le mois de mai 2024, Votre magazine part d’un bout du monde à l’autre.

Après le Gabon, il y a à peine deux (2) mois, nous nous rendons cette fois-ci, dans un pays dont la distance est tout à l’opposé du précédent; un pays tout aussi coloré.

Notre invitée est ébéniste et travaille à l’École d’ébénisterie d’art de Montréal. Elle dispose de plusieurs cordes à son arc,  et est investie dans plusieurs domaines d’activités. Elle est originaire d’un pays d’Amérique du sud et vit dans la belle province depuis 2010. Nous vous invitons à découvrir Diana Margarita Silva.

Bonjour Diana, bienvenue sur Intégrer, merci d’avoir accepté de partager votre histoire avec nos lecteurs, de parler de leur parler de votre expérience. Pour commencer, qui est Diana Silva ? De quel pays êtes-vous originaire ?

Je vous remercie de l’invitation. Comme indiqué d’entrée, je me prénomme Diana et suis originaire de la Colombie, plus précisément de Bogota la capitale. Je suis arrivée dans la province, il y a quelques années avec le statut de résidente permanente.

Pourquoi le Québec et comment vous êtes-vous retrouvée ici au Canada ?

En fait, mes études en design et ébénisterie complétée, j’éprouvais de grandes difficultés à m’insérer professionnellement dans mon domaine en Colombie.  C’est alors que m’est venue l’idée de regarder ailleurs, hors du pays, dans le but de voir où j’aurai davantage de perspectives. C’est alors que je me suis à regarder vers quelle destination, je pouvais me rendre. Mais les choses n’ont pas été aussi simples…

Puis un jour, en parcourant le journal, j’ai vu cette annonce qui a capté mon attention : Voulez-vous immigrer au Canada ? Je me suis dit : tiens ! Le Canada ? Pourquoi pas ? C’est alors que je me suis mise à y regarder de plus près. J’avoue que c’est en consultant les conditions d’immigration qui me qualifieraient pour le Canada, que j’ai découvert que le pays comptait une province francophone. J’ai dès lors évalué mes chances de réussite et me suis mise au français afin d’obtenir les points nécessaires. J’ai appris le français de base qui m’a permis de passer l’entretien et finalement, au bout de deux ans et demi, j’ai obtenu la résidence permanente.

Une année après mon installation au Québec, j’ai réalisé qu’il me fallait m’inscrire dans une institution de formation en ébénisterie, si je voulais m’insérer dans le milieu. Je m’exprimais certes en français, mais je n’avais pas les codes de la profession. Aujourd’hui, avec le recul, Je me rends compte que c’était la meilleure décision que j’avais prise, car cela m’a permis d’apprendre le langage du milieu, connaître les fournisseurs, bien comprendre comment ça fonctionne dans le métier, etc. J’ai eu l’opportunité par la suite de monter mon propre atelier, et de vivre du métier. Ce que je n’aurais certainement, jamais pu faire en Colombie parce que cela aurait été plus compliqué.

 Partant du fait que la langue parlée en Colombie est l’espagnol, comment avez-vous fait pour assimiler le français aussi rapidement ? Avez-vous bénéficié d’un support qui a facilité vos débuts dans la société québécoise ?

Ce qu’il faut savoir pour une personne qui arrive d’un pays dont la langue officielle est différente de celle de son pays d’accueil, c’est que l’apprentissage d’une langue se fait au quotidien. Avec la famille, les collègues, dans la rue. En ce qui me concerne, je suis toujours en apprentissage jusqu’à présent.

Sinon, à mon arrivée, j’ai bénéficié du programme de francisation du gouvernement. J’ai ensuite pris des cours de français à l’université et dans des centres des langues. Et enfin, quand j’ai repris la formation en ébénisterie, les cours au cégep m’ont énormément aidée.

Pourquoi la province du Québec et pas ailleurs ?

L’autre raison qui justifie mon choix pour la belle province, c’est le fait qu’à l’époque, il était plus “facile”, plus accessible et moins coûteux d’immigrer par la partie québécoise plutôt que, par la partie anglophone.

Après 14 ans de vie dans la province, pouvez-vous brièvement dresser un bilan de votre séjour et nous dire si ce projet tient ses promesses ?

En ce qui me concerne, le Québec m’a tout donné. La possibilité d’avoir un métier artistique et d’en vivre, ma nouvelle famille, un sentiment d’appartenance, etc. En fait, le Québec m’a fourni les clés dont j’avais besoin pour réussir. Il est vrai qu’il m’a fallu moi aussi donner du mien, en m’adaptant et en acceptant d’utiliser ces outils que la société m’a offert. Et nous en sommes là, aujourd’hui.

Nous allons, dès à présent, nous intéresser à votre métier. Nous rappelons que vous êtes ébéniste. Pouvez-vous dire en quoi consiste concrètement votre travail? Quelle est la journée type d’une ébéniste ?

Présentement, je travaille pour l’École d’ébénisterie d’art de Montréal. Je suis la cheffe aux opérations. De manière générale, Je m’en occupe du bon fonctionnement de l’atelier. Je supervise et gère une équipe de personnes qui à la charge de préparer des matériaux pour les cours, d’autres qui doivent réparer les machines, prendre contact avec les fournisseurs et gérer le budget qui est lié aux opérations de l’école.

Avant, j’avais mon propre atelier, où j’ai travaillé pendant presque sept (7) ans. Je faisais des meubles sur mesure pour des particuliers : des cuisines, des bibliothèques, tables, bureaux, lits, un peu de restauration et quelques projets personnels. Je suis ensuite tombée enceinte, et c’est au terme de ma période de maternité, j’ai accepté ce contrat.

Pour revenir à votre question, je dirai que la journée type varie dépendamment de l’état du projet. Cela dépend, si je suis au moment de la mise en plan pour la fabrication ou si je suis à l’étape de fabrication proprement dite ou alors, à la phase d’installation chez les clients, etc. En fait, c’est pour dire qu’aucune journée ne ressemble à une autre.

 Qu’est-ce qui vous à pousser à vous orienter vers ce corps de métier qui semble beaucoup plus intéressé, les personnes de sexe masculin ?

J’ai toujours aimé travailler avec mes mains. Je ne me voyais pas faire un métier “type” comme avocat ou ingénieure.

Y a-t-il des réelles opportunités d’emploi dans ce domaine ? Si oui, est-il facile de s’y insérer sans réseautage ?

Oui, on peut vivre du métier. Je pense que les choses peuvent être facilitées si la personne est curieuse et qu’elle a la volonté de cogner à différentes portes.

Cela est-il possible qu’une personne immigrante nouvellement arrivée puisse s’insérer rapidement ?

C’est difficile à dire. Dans mon cas, la barrière de la langue a quand même joué contre moi. C’est pour cette raison que j’ai décidé de refaire une formation en ébénisterie, question de m’imprégner des codes à l’usage dans la province et de m’insérer petit à petit.

Nous sommes parvenues au terme de notre entretien. Avant de clore, quels conseils pouvez-vous donner aux personnes immigrantes qui veulent s’investir dans ce corps de métier lorsqu’elles arrivent dans la province ?

Ma réponse se résume en deux points

  • Apprendre bien le français, c’est ça qui va ouvrir les portes.
  • Être curieux et ouvert d’esprit. Aller à la rencontre des ébénistes qui sont déjà en business et leur parler. Qui sait, vous pourrez peut-être décrocher un travail dans leur atelier.

Entretien mené par Marie Gisèle M. O